HISTORIQUE DE LA PAROISSE SAINT-JEAN-BERCHMANS
CE TEXTE EST UNE REPRISE D'UNE BROCHURE ÉCRITE
PAR: MICHÈLE LALANDE,
CÉLINE MARION,
PAUL MASSICOTTE ET
ANDRÉ PETIT
AOÛT 1978
(Jacques Baillargeon et Suzanne Dignard ont fait une addition en 1983).
Converti en format web par Dominic Légaré
Feuillet #9
LA FONDATION 1908 (suite)
M.Fournier vendait ce que nous appelions marchandises sèches": sous-vêtements, bas, cravates, chemises, fils, aiguilles, laine, etc. Ce commerce s'appellerait plus proprement "Mercerie". Le fils et les filles de M.Fournier ont pris la suite et méritent d'être nommés à cause de leur implication dans la vie paroissiale. Il était établi à l'angle des rues Chabot et Des Carrières. Par la suite, il déménagea sur le boulevard Rosemont. Cette mercerie a dû être tenue aux deux cites ci-haut mentionnés durant une cinquantaine d'années.
Sur le boulevard Rosemont son commerce est occupé par un M. Théorêt photographe de bonne réputation et enfant de la paroisse.
On note aussi la présence d'un vendeur de patates frites qui passait en voiture dans le quartier.
Plusieurs éprouvent de la nostalgie en se rappelant du marchand de fruits et légumes. Eté comme hiver, il était fidèle à ses clients. L'hiver il aménageait une chaufferette dans sa voiture. On pouvait acheter des bananes à la tresse et des pommes de terre à la poche. Les gens avaient l'habitude d'acheter tout en grande quantité. Premièrement cela coûtait moins cher à l'achat et évitait un manque possible dû à des pénuries de certaines denrées à cette dure époque de la Crise de 1929 . Par la suite, on descendait ces approvisionnements dans une partie froide de la cave. On pouvait aussi acheter des légumes chez Mme Lowett qui les cultivait.
Lorsque les gens décidaient d'aller au marché Bonsecours, ils partaient en groupe de parents et d'amis. Pour ce déplacement, ils prenaient le tramway. Ils achetaient surtout du beurre, de la crème, des poules. L'avantage était qu'on avait un vaste choix pour le même produit et qu'on pouvait goûter la marchandise. En plus du marché Bonsecours, plusieurs allaient chercher leurs légumes au marché Jean-Talon; ceux-là provenaient des cultivateurs voisins du marché.
Marché Bonsecours - Photo prise en 1921
Au coin de Cartier et Bellechasse se trouvait un restaurant dont M.Da Silva était propriétaire. Comme toutes les paroisses. St-JeanBerchmans disposait d'un presseur chinois. Sa boutique se situait sur la rue Papineau entre le boulevard Roseniont et Bellechasse, à l'emplacement actuel de Lebeau. Les gens allaient y porter chemises et collets. Les collets étaient empesés, durs et glacés. Ces chinois livraient. Ils se déplaçaient souvent uniquement pour deux ou trois chemises. Ils travaillaient fort avec de gros fers qu'ils faisaient chauffer sur le poêle, été comme hiver. Lorsque les enfants allaient porter le linge les Chinois leur donnaient des "klondikes" chinois. En général, les Chinois n'étaient pas mariés. Ils s'établissaient au pays et ne se mariaient pas. Ils avaient l'habitude de demeurer trois ou quatre hommes ensemble. Par contre, les Chinois qui s'enrichissaient, faisaient venir leur femme au pays. Mais, habituellement, avec leur petit commerce, ils ne pouvaient réaliser que de minces profits. Ils se vêtaient comme les gens du quartier mais conservaient leur tresse attachée avec une boucle. Cependant, ils ne parlaient pas beaucoup français. Ils ne disaient que quelques mots: "Pas ticket, pas collets". Les anciens faisaient peur aux enfants avec les Chinois. Ils disaient que les Chinois couraient après les enfants et qu'on ne les voyait plus après. Mais cela n'était que légende car ces Chinois furent toujours très affables.
C'est en 1929, au plus fort de la "Crise" que nous arriva un nouveau curé. Oliva Lachapelle succédait au curé Alary; au début il avait pour auxiliaires Messieurs les abbés Dagenais, Corbeil, Hébert et Moreau. Né le 6 mars 1872 à St-Esprit dans le comté de Montcalm, fils de Narcisse Lachapelle et de Odile Lavallée, il fit ses études classiques et théologiques au collège de Joliette. Il eut l'honneur d'être ordonné prêtre le 31 juillet 1898 au Collège de Joliette par son Excellence Monseigneur Paul Bruchési. De 1895 à 1899, il enseigna à ce collège avant d'être nommé vicaire en 1900 au Sacré-Coeur de Montréal. Il fut nommé ensuite successivement vicaire à la paroisse St-Enfant-Jésus, très Saint-Nom-de-Jésus, puis de 1907 à 1909, aumônier à Sant-Jean-de-Dieu. En 1909, il fut vicaire à Saint-Jean-de-la-Croix et en 1911, aumônier au Noviciat des Frères des Écoles Chrétiennes du Mont-Lasalle. Sa première nomination en tant que curé remonte à 1921 où il occupa la cure à SaintJoseph-de-Bordeaux, puis en 1926 a Sainte-Anne-des-Plaines. De 1926 à 1928. 11 fut gravement malade et dû séjourner à l'hôpital du Radium. Il fut curé de notre paroisse jusqu'en 1937, année où il se retira à l'hôpital de la Merci. Il est décédé le 20 avril 1946.
Les paroissiens se souviennent de lui comme étant un bon prédicateur, direct, pas gêné. Il fut l'aumônier des Darnes de Sainte-Anne. Il savait se faire respecter et n'admettait pas les écarts de conduite de ses paroissiens. Certains le trouvaient trop austère car il refusait de donner la communion aux femmes qui avaient du rouge aux lèvres. Rappelons-nous qu'il avait beaucoup souffert et qu'étant aumônier de prison, il s'était lui-même fixé un mode de vie très strict. Mais tous sont d'accord pour reconnaître qu'il était très charitable, strict mais humain.
Un peu plus tard, soit le 29 avril 1930, il fut décidé de construire une nouvelle école sur la rue Bellechasse, au coin des Ecores. La nouvelle école, comprenant vingt classes, était destinée aux garçons et aux ffiles, fut terminée le 17 avril 1932 et reçut le nom de Gabriel-Lalemant.
Le 30 avril, l'école avait officiellement ouvert ses portes à 517 élèves dirigés par 17 institutrices. La directrice fut Mlle Anna Poitras. Le 7 mai suivant, le curé Lachapelle procéda à la bénédiction. En 1932-33, la ruche écolière travaille si bien qu'elle se voit décerner une prime pour ses succès aux examens par M.Désormeaux, inspecteur des écoles. Cette gratification fut consacrée à l'achat de 125 volumes canadiens.
Durant la construction de la nouvelle église dans les années 1938-39, la salle de l'école servira de chapelle temporaire. Plus tard en 1940, l'école changera son nom pour celui de Marie-Médiatrice.
L'école possède une salle de dactylographie, une bibliothèque, une salle d'enseignement ménager, une salle de culture physique et un choeur de chant. Diverses organisations sont établies et contribuent à donner aux élèves une formation complète. Congrégation des Enfants de Marie, des Saints Anges, de l'Enfant-Jésus, des Croisés et de la Jeunesse Etudiante Catholique, les cours de catéchisme sont donnés par monsieur l'abbé Adrien Moreau, aumônier de l'école depuis sa fondation, assisté de M. l'abbé Léo Lefebvre.
En ce qui concerne l'école St-Jean-Berchmans, en septembre 1931, la section des garçonnets et des fillettes devint autonome sous le nom de l'école StJean-Berchmans élémentaire. Les autorités en confient la direction à Mlle Regina Laboursodière. Il serait intéressant de rappeler au souvenir de tous les noms des quelques "principaux" de l'école: de 1914 à1918, M.Joseph Paulhus, de 1918 a 1938, M. Arthur Ladouceur, de 1938 à aujourd'hui M. Jean Tremblay, suivi de MM. René Hétu, Robert Rose, Fernand Lavigne et Guy Labelle.
En ces temps-là, les élèves du cours préparatoire en quatre classes ne fréquentent l'école que durant une demi-journée. Une institutrice se voit donc confier deux groupes de petites filles et les deux autres de garçons sont attribués à deux institutrices débutantes qui n'enseignent chacune qu'une demi-journée. Parmi les professeurs dont on mentionne souvent les noms citons: MM.Alcide Cantin, Guido Morel, Wilfrid Ducap Euclide DeschStelets, Maurice Descôteaux, Herman Brazeau, Jules Leclerc, René Hetu, Sylvestre Sylvestre, Dansereau, Brossard.
C'est aussi vers cette époque que se développa le corps de cadets dont le but était de développer l'initiative, le sens des responsabilités, la tenue et la discipline. Le corps des cadets de l'école joue un rôle important. La discipline de l'école par ailleurs, se ressent favorablement de son influence. C'est une bien grande punition pour un cadet que d'avoir à quitter le corps et à remettre son bel uniforme à l'officier en charge. Combien d'élèves se sont efforcés d'améliorer leur conduite pour ne pas mériter une telle disgrâce? Remplissant différentes fonctions dans l'organisation du corps de cadets, le capitaine Jules Leclerc, le major Willie Smith, le lieutenant Armand Lussier, ainsi que monsieur Georges Kelly.
Depuis nombre d'années, l'école possède son corps de clairons. Trente-sept élèves en font partie sous la direction de M. Georges Kelly. Lors de la célébration de la Fête Dieu, le corps de clairons tient une place d'honneur. M. Descôteaux l'a aussi dirigé.
La chorale de l'école, composée de quarante membres, fait aussi partie du choeur de chant paroissial. M.Lucien Ducharme la dirige avec dextérité. Le dimanche, à la messe des écoliers, il faut entendre "La messe chantée et méditée" du révérend Père Jean Laramée, jésuite. Pendant ce temps, M. Routhier dirige la chorale paroissiale. MM. Descoteaux et Petitgrew l'ont aussi dirigée.
Environ 70 enfants de choeur sont aussi recrutés par la direction de l'école parmi les élèves de la quatrième à la neuvième. Pour être choisi, il faut une bonne conduite, être ponctuel, pieux et propre. Le service des autels requiert d'ailleurs de telles qualités. En cinquième année, les enfants de choeur apprennent les réponses de la messe, puis deviennent servants.
M.Roger Côté, directeur du sanctuaire et M.Ernest Saint-Maurice furent particulièrement chargés de la formation des servants de messe. A tous les mois, il y avait des prières de circonstances: Le mois du Sacré-Coeur, de la Sainte-Vierge, le Carême. Tous se rencontraient et disaient le chapelet.
En ces temps, le carême était long et pénible, les enfants qui recevaient des bonbons en cadeau se devaient de les mettre de côté et d'attendre le dimanche de Pâques avant de les manger. A Pâques, les chevaux et voitures étaient décorés de fleurs de papier et de clochettes. Tous ceux qui avaient des voitures, laitiers, boulangers, se devaient de les décorer. Et pour le repas pascal, les gens achetaient un gros jambon décoré de fleurs de papier. Il ne faut pas oublier que de 1930 à environ 35, les maladies sévissaient. La diphtérie était la, plus désastreuse. Les gens étaient mis en quarantaine et les maisons étaient placardées.
Souvent dans les années '30, des cirques ambulants s'installaient dans les terrains vagues. Les gens de la paroisse y venaient car l'entrée était gratuite. Il y avait toujours plusieurs tentes et chacun des artistes présentait une partie de son numéro à l'extérieur pour donner un avant-goût de son savoir-faire. Les gens qui étaient séduits et qui voulaient en savoir plus long, n'avaient qu'à payer pour aller voir le spectacle complet à l'intérieur.
Quant à la fréquentation des cinémas, il n'y avait pas vraiment de salles spécialement aménagées dans les limites de la paroisse. Pendant l'été, cependant il y avait des films en plein air, habituellement des dessins animés muets. On installait l'écran dans un terrain vague et on regroupait ainsi jusqu'à une centaine de personnes. Toutes y étaient intéressées y compris les parents, en raison de l'absence d'autres divertissements.
...Suite - Feuillet #10