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HISTORIQUE DE LA PAROISSE SAINT-JEAN-BERCHMANS


CE TEXTE EST UNE REPRISE D'UNE BROCHURE ÉCRITE
PAR: MICHÈLE LALANDE,
CÉLINE MARION,
PAUL MASSICOTTE ET
ANDRÉ PETIT
AOÛT 1978
(Jacques Baillargeon et Suzanne Dignard ont fait une addition en 1983).
Converti en format web par Dominic Légaré

 

Feuillet #5

LA FONDATION 1908 (suite)

Le 25 janvier 1918 eut lieu l'inauguration des premiers mouvements paroissiaux pour les jeunes, soit la Congrégation de l'Enfant-Jésus qui regroupait déjà 130 membres et, le 3 mars suivant, ce fut au tour de l'inauguration de la Congrégation des Saints-Anges regroupant 140 fillettes. A propos de ces mouvements, rappelons que les Enfants de Marie portaient une médaille d'aluminium avec selon le clergé, un ruban bleu ou blanc. Quant aux Enfants de Jésus, en première année, ils étaient gratifiés d'un ruban rouge, tandis que les Enfants de l'Ange-Gardien en avaient un vert. Selon l'âge scolaire, le ruban changeait de couleur. Pour les cérémonies, les élèves se devaient de porter leur robe noire, ainsi que leur ruban, Le ruban bleu était porté par les filles intégrées au mouvement de l'église une fois l'école terminée.

Les réunions des Enfants de Marie avaient lieu une fois par mois, le dimanche après-midi et étaient célébrées soit par le prêtre de la paroisse soit par un prêtre invité. Tous les mouvements se réunissaient une fois par mois. Il y avait aussi des croisières en bateau organisées pour les Enfants de Marie au Cap-de-laMadeleine, les départs s'effectuaient le dimanche matin vers neuf heures et le retour était prévu le soir même aux environs de onze heures au port de Montréal, De telles croisières étaient aussi organisées vers Ste-Annede-Beaupré. On se souviendra qu'Eugénie Dussault fut la présidente de cette association, brillamment secondée par Antoinette Girard qui occupa durant quinze années le poste de secrétaire.

Durant cette période de guerre, la ville mettait des terrains à la disposition des jardiniers amateurs ce qui permettait de diminuer les coûts d'approvisionnement.On se souvient d'un tel jardin communautaire situé aux environs de la rue Des Carrières, qui portait si bien son nom, et de la rue de Lorimier. C'est aussi durant cette période que les trottoirs en carrés de ciment, appelés "biscuits" ont commencé à remplacer les trottoirs de bois.

En plus de la guerre, une note sombre devait rendre la vie difficile aux paroissiens. Dès le 8 octobre 1918, il fut décidé de la fermeture de l'école à cause de l'épidémie de grippe espagnole, appelée "influenza". Et le 13 octobre, le curé se vit dans l'obligation de fermer l'église. L'école ne put rouvrir ses portes avant le 12 novembre 1918. Les femmes enceintes étaient surtout sujettes à être victimes de cette épidémie. Les enfants aussi constituaient des victimes de choix pour le désastreux fléau. On en mourait au bout de deux ou trois jours. La paroisse fut moins touchée que le reste de la ville, justement parce qu'elle était moins développée. Elle conservait encore les apparences de la campagne, la population y était plus dispersée et l'air y était meilleur. Mais quand le malheur frappait un enfant, on utilisait un petit cercueil blanc et une voiture blanche tirée par un cheval blanc. Habituellement on transportait les morts dans des "Express" parce qu'on manquait de corbillard. On n'avait plus de cercueil et la dépouille reposait entre quatre planches. La grippe a surtout frappé en novembre en même temps que l'Armistice. On raconte qu'il n'était pas mauvais de prendre un petit gin avant de se coucher et de porter 24 heures sur 24 un morceau de camphre en cohabitation avec le scapulaire.

Mais la vie paroissiale se continuait, et une chorale prit forme. Il fallut alors chanter toutes les messes quotidiennes, jusqu'à six par jour. Au début, la chorale comptait 25 hommes. A 18 ans on avait la possibilité de faire partie de cette chorale, dont les effectifs étaient au nombre d'environ quarante vers la fin de 1918.

Le 12 août 1919 débute une série de lettres et de pétitions. Il semble y avoir du grabuge dans la paroisse et le curé Guay semblerait ne plus satisfaire la totalité de ses paroissiens. Ainsi monsieur Bélec de la rue Cartier, demande un rendez-vous à l'évêque pour régler ce qu'on devait appeler le "problème Guay". L'évêque refusa poliment ce premier rendez-vous. Mais d'autres démarches devaient suivre. Le 22 septembre 1919, les membres du cercle paroissial de St-Jean-Berchmans expédièrent à Monseigneur Bruchési une pétition lui demandant d'expliquer la raison du retrait de l'abbé Laurin comme chapelain du cercle. Tout cela n'empêcha pas les bonnes soeurs de fêter les noces d'argent du curé Guay, le 23 décembre 1919.

Le curé n'en continuait pas moins de veiller à son travail et d'en assumer les responsabilités. Le 6 février 1920, il fit la demande à l'évêque d'ériger le chemin de croix dans la chapelle des Religieuses de Jésus-Marie de l'Académie Guay qui possèdent depuis le 17 octobre 1919 une chapelle et qui ont fait l'acquisition d'un chemin de croix. Mais le pauvre curé Guay ne devait plus exercer ses fonctions bien longtemps. A la suite d'un combat de pétitions pour et contre lui, l'évêque lui demanda de démissionner de son poste. Il se retira ensuite à Contrecoeur où il mourut quelques temps après une défaillance cardiaque.

Durant ce temps, la Caisse connaît des problèmes. La question de dissoudre la Caisse est de nouveau discutée. Le Bureau de Direction, après avoir mûrement réfléchi sur la question décide que, dans l'intérêt de la Caisse, de ses emprunteurs et des Caisses en général, l'idée de cesser les opérations soit abandonnée. Au contraire, dans l'intérêt des Caisses, le bon renom de la paroisse, la réputation des sociétaires, la formule de coopération alors expérimentée, exigent que nous poursuivions plus loin cette expérience. Après les efforts additionnels que nous nous imposerons pour la maintenir, si nous ne réussissons pas, nous pourrons honorablement dissoudre la société et nous retirer." On avait le sens du devoir en ce temps-là. Grâce à la persévérance d'hommes comme M.Pépin, M.Labonté, M.Boisvert, M.Masse la Caisse a traversé les périodes creuses et prospère jusqu'à devenir l'institution prospères que nous connaissons aujourd'hui. Le successeur du curé Guay sera l'abbé J.Zenon-Hilaire Alary, nommé curé le 24 septembre 1920. Si nous remontons le cours de son cheminement jusqu'à l'établissement de son ministère à la paroisse St-Jean-Berchmans, on constate qu'il naquit à St-Janvier, le 17 novembre 1874. Son père est Joseph Alary et sa mère Philomène Léonard.C'est au séminaire de Ste-Thérèse et au grand Séminaire de Montréal qu'il fit ses études. Il est ordonné le 18 juin 1899 à la Cathédrale de Montréal. En ce qui a trait à ses nominations, il devient vicaire à Ste-Thérèse en 1899. C'est en 1902, qu'il occupa le poste d'assistant aumônier à St-Jean-de-Dieu. L'année suivante, il est aumônier à St-Gabriel, N.Y. (Soeurs de la Merci).En 1904, c'est chez les soeurs du Bon Pasteur qu'il est toujours aumônier. Quatre ans plus tard il occupe le même poste mais à la Maison Provinciale. En 1913 il se met au service des soeurs de la Providence M.M. au même titre que précédemment. De 1916-1920, il devient curé à Ste-Adèle. Cependant de 1924 à 1929, il compte parmi les membres de la C.E.C.M. et finalement de 1920 a 1929 il exercera sa cure à St-Jean-Berchmans.

En plus de toutes ces nominations, une fois promu curé à St-Jean-Berchmans, il fonda un journal, une sorte de guide du colon destiné aux gens qui s'établissaient sur les terres. Ce bulletin contenait des poèmes et vantait les mérites de la terre et du colon. Quant au titre, il demeure imprécis. I1 se pourrait que ce fut "l'Action Nationale". La plupart des paroissiens reconnaissait en lui un saint homme. Il prêchait les yeux fermés et parlait très calmement. Il était très humain, très simple malgré une apparence un peu froide due à la timidité et à l'éducation. Il recevait très bien ses paroissiens et était toujours prêt à les aider.

Il exercera son ministère neuf ans à la paroisse. Ainsi il fut appelé en 1929 au poste de directeur des missionnaires colonisateurs de Montréal. Cette même année, il sera également aumônier général de la Société St-Vincent-de-Paul. Sans oublier que de 1930 à 1934, il sera desservant à St-Joseph (Montréal). Ses promotions ne se terminent pas ainsi, le 8 avril, il devient chanoine honoraire à Montréal.

Pendant que le curé J.Z.H.Alary préside notre Eglise et notre paroisse, la vie du quartier ne cesse de s'intensifier et de s'épanouir. Ne serait-ce que pour la sécurité M.Cardinal est toujours le seul policier du quartier. A une autre époque M. Morel occupe le même poste. Le constable se promène toujours à pied. Il porte sur lui un bâton accroché à son côté. Signalons que ce bâton était fait de bois dur, et qu'il était beaucoup plus court que les matraques actuelles. A tous les soirs il fera sa ronde. Il sonde les portes des magasins et même celles des gens qui s'absentent pour un certain temps et en font la demande. A cette époque, les policiers ne bénéficiaient d'aucun moyen de locomotion pour exercer leur métier. Le fait qu'il n'y ait qu'un seul constable pour le patelin dénote une atmosphère paisible où le désordre es-chose rare. Soulignons que les premiers vol, commencèrent avec la crise. Mais ces vols n'étaient pas criminels puisque les gens volaient pour se nourrir ou se vêtir en ces temps difficiles. Ainsi plusieurs se faisaient dérober leur linge sur la corde à linge. Df même, certains commerces de linge usagé détenus pas des Juifs, sont dévalisés. Mais rappelons que ce; incidents étaient proportionnels à la conditioi économique qui sévissait dans le quartier Rosemon comme partout ailleurs.

Chose inusitée, aucun enfant ne devait se promener sur la rue après neuf heures. Même dès sept heures, il était préférable que les enfants demeurent chez eux ou sur leur perron de porte. Sinon le policier qui exécutait sa ronde les avertissait de retourner chez eux. Le poste de police se trouvait au coin d'Iberville et Gigard.

Pour ce qui est du service des incendies, les pompiers devaient se débrouiller avec des moyens précaires. Ils utilisaient une sorte de voiture tirée par deux chevaux. Cette voiture était en forme de cylindre rouge et se terminait vers le haut par une espèce de cheminée. Ce cylindre contenait l'eau. En avant de la voiture, il y avait une grosse cloche, telles les cloches d'école. Une fois la voiture en marche, la cloche sonnait. Et bien entendu il y avait des échelles sur le côté de la dite voiture. Ils appelaient communément cet engin la "pompe à steam". La caserne se situait près des rues Beaubien et Boyer. Les anciens de la paroisse nous rapportent que les pompiers étaient surtout dérangés pour éteindre les feux des Juifs. Même qu'une rumeur circulait que les Juifs dans les périodes difficiles, mettaient le feu à leur maison pour toucher les assurances. Cette pratique était tellement courante chez certains que les compagnies d'assurances ne voulaient plus les assurer. On pourrait peut être dire que rien n'a changé chez les Juifs et chez tous les Canadiens.

Le déneigement des rues témoigne également le cachet de ces premières années d'implantation. Comme pour la plupart des services publics le déneigement s'effectuait à l'aide de chevaux, ceux-ci étaient attelés à une charrue. Elle se composait d'une large bande de bois munie d'un petit banc. Ces charrues passaient aussi sur le trottoir. Dépendamment de la grosseur de la charrue, elle était tirée soit par un ou deux chevaux. En plus il y avait des voitures de bois pour ramasser la neige. Soulignons que la plupart de ces voitures appartenaient à des Juifs. Les Juifs travaillaient aussi au déneigement mais embauchaient surtout des Canadiens Français pour pelleter. Le déneigement s'effectuait comme ceci, la charrue passait en premier et formait de gros bancs de neige qui séjournaient longtemps sur le bord des rues. Naturellement cela faisait la joie des enfants qui les convertissaient en forts. Ensuite les hommes devaient pelleter toute cette neige et remplir les voitures. Ainsi il pouvait y avoir une lignée de 12 voitures qui faisaient le circuit. Une fois remplie, la neige était déversée à la carrière Martineau ou dans les champs avoisinants.


...Suite - Feuillet #6


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