HISTORIQUE DE LA PAROISSE SAINT-JEAN-BERCHMANS
CE TEXTE EST UNE REPRISE D'UNE BROCHURE ÉCRITE
PAR: MICHÈLE LALANDE,
CÉLINE MARION,
PAUL MASSICOTTE ET
ANDRÉ PETIT
AOÛT 1978
(Jacques Baillargeon et Suzanne Dignard ont fait une addition en 1983).
Converti en format web par Dominic Légaré
Feuillet #6
LA FONDATION 1908 (suite du f. no.: 5)
Pour le déblaiement des rails de tramways, un tramway spécial effectuait cette tâche. Ce tramway fait de bois peinturé rouge, avait quelques petits châssis. On rapporte qu'il ressemblait plutôt à une cabane. De grosses brosses rondes fixées en dessous enlevaient la neige. Les gens parlaient de ce tramway comme étant le "char à balai".
Dans les premières décennies, M.Barbe avait une boutique de cordonnier et sellier au coin de Lorimier et Des Carrières. Ainsi ces premiers commerces étaient très appréciés car ils évitaient les longs déplacements de jadis, au temps où ils étaient intégrés à St-Grégoire-le-Thaumaturge. Un médecin venait une fois par semaine chez les Legris. Là, dans une pièce réservée à cet effet, il examinait les malades.
Aussi à l'époque des pionniers, la santé est très importante parce qu'il n'y a pratiquement pas de sécurité sociale. Même si les médecins de la paroisse ne réclamaient pas de montants exorbitants l'huile de St-Joseph remplaçait souvent le médecin. Les gens le consultaient que pour les cas extrêmes ou pour les accouchements. Le premier médecin fut Hector Dansereau, il demeurait en arrière de la pharmacie Paquin.
Comme au début de la fondation on était un peu dans une période d'autosuffisance, les gens allaient même jusqu'à faire leur propre vin, en plus des animaux que certains gardaient et saignaient, ou des chèvres qu'ils gardaient pour le lait. Mais il était toujours possible d'acheter de la boisson sur la rue Mont-Royal ou d'aller chez le grossiste pour acheter de la bière. Même qu'à l'épicerie on pouvait prendre un petit coup de gin, à même le baril, pour dix sous.
Il arrivait souvent que le curé Alary condamne en chaire une maison aux moeurs douteuses et en donnait même l'adresse. Il s'agissait d'une maison de désordre située sur la rue Papineau. Ce lieu clandestin abritait femmes et boissons.
Autre fait rapporté, dans les années 20, au temps où le salaire moyen était de $9.00 par semaine; on pouvait acheter 20 livres de viande pour $1.00. Aussi, à l'automne, M .Larochelle, après la fermeture du port, passe aux maisons et offre ses services pour saigner le cochon. Avec lui, il y a sa fille qui brasse le sang une fois l'animal éventré.
Pour conserver les aliments, les gens achetaient bois. Cette glacière était placée dehors. Des marchands de glace passaient dans la ruelle, toujours en voiture. Un bloc de cinquante livres durait quatre jours, lorsque la glacière était logée dans un endroit approprié.
On ne parlera jamais assez de ces veillées de Noël et du Jour de l'An. Les enfants recevaient un bas de Noël contenant un morceau de charbon, une pomme, une orange, des bonbons, une pomme de terre, en revenant de la messe de minuit. Cela témoigne encore des rudes années que les gens devaient traverser. Noël était une fête strictement religieuse. C'est pourquoi on fête surtout le Jour de l'An. D'ailleurs l'échange de cadeaux ne se fera qu'à la celébration de la nouvelle année, contrairement aux Anglais qui fêtent les réjouissances à Noël. Au Jour de l'An, c'était M.Lafleur, un paroissien qui faisait le Père Noël. Cette fête s'organisait grâce aux gens de la paroisse. A cette occasion, il y avait du chant, des récitations, de la musique et des bonbons étaient distribués. Notons que les gens avaient plutôt coutume de s'échanger des choses utiles.
Comme il fut mention plus haut, Napoléon Bourassa était ébéniste. Cette boutique où s'est dite la première messe devient une boulangerie. En 1920 M. De Repentigny la loue comme écurie.
Et cette même année, soit le 10 novembre 1920, le curé Z.Alary est nommé président de la Caisse. Aussi en 1921, à la Banque d'Hochelaga, aujourd'hui la B.C.N., M.Durocher sera également gérant et président de la Société St-Vincent de-Paul qui se situera angle Papineau et Rosemont. Cette même année, la chorale aura M.Allaire comme directeur et ce, pour environ sept ans.
Aussi le 7 mars 1921, il est résolu et adopté que la Caisse s'affilie au Bureau Central d'Inspection et de Surveillance.
En août 1921, Soeur Laurent Justinien, alors directrice, adressera une lettre aux Commissaires demandant d'effectuer une série de travaux à la résidence des soeurs. Ainsi la nouvelle résidence que la Commission Scolaire fait construire se situera dans l'ancienne église. Les entrepreneurs Fournier et Frères s'engagent à faire tous les changements demandés à savoir: buanderie, armoire, coffre, salle d'études, boiserie, réfectoire etc. En plus, il y aura un prolongement de la galerie du côté de la résidence, et un
changement de divisions. C'est ainsi que les soeurs
• résidaient d'abord dans l'école aujourd'hui entièrement confiée à des laïcs, (St-Jean Berchmans), puis depuis 1921, elles résident dans l'ancienne église, transformée en résidence. Plus précisément le 11 novembre 1921, s'effectuera le déménagement des soeurs de l'école Guay à la résidence.
Le 24 janvier 1922 marque l'inauguration d'une annexe. "Au premier étage de la résidence se trouve une vaste salle destinée à recevoir les enfants de 5 et 6 ans, 20 garçons et 32 filles s'inscrivent ce matin-là". Comme à cette époque, dans beaucoup de foyers pauvres en ville, la mère, comme le père est le gagne-pain de la famille. Aussi ces enfants confiés à de charitables voisines ne reçoivent pas toujours une éducation soignée. C'est pour pallier à ce triste état de choses qu'ont été créées dans les écoles, les classes enfantines. Aussi la paroisse organisait des guignolées pour les pauvres. Il y avait un joueur de trompette ou de clarinette pour annoncer les ramasseurs.
En juillet 1922, M. l'abbé J.A.Labonté est nommé gérant avec une indemnité de $35.00. Il est alors décidé que l'intérêt des dépôts sera payé, mais il n'en sera pas ainsi du boni des parts. La Caisse Populaire est toujours au sous-sol de l'église dans la salle des servants de messe. Les années 1920-1926 furent critiques dans l'histoire de cette caisse populaire. Les déposants se font rares, les gens ne peuvent retirer de gros montants au risque que la caisse soit à sec. Aussi l'abbé Labonté se promène en arrière du comptoir en lisant son bréviaire pour susciter de nouveaux membres à s'inscrire afin de rescaper l'institution. En 1920-27, aucun prêt n'est accordé.
L'école Guay se trouve en septembre 1922 avec plus de six cents noms d'inscrits, nombre qui ne s'est pas encore vu à cette école. De plus, le 14 septembre 1922, les élèves sont si nombreux qu'il faut organiser deux classes nouvelles. Avec le Jardin de l'Enfance, l'école Guay compte 17 classes.
Pour pallier aux difficultés que rencontre la Caisse Populaire St-Jean-Berchmans le 9 novembre 1923, une soirée récréative est donnée par les élèves de l'école Guay. M.le curé remercie l'assistance d'un tel encouragement. Il donne quelques notes sur les bienfaits de la Caisse. Cela dit il propose M.Ernest Dupont, MM.P.Boisvert et Anger comme directeurs. La foule accepte avec plaisir les nouveaux dignitaires.
Enchantée de la jolie soirée, la foule se retire, promettant de devenir membre de la Caisse. Les résultats de cette bénéfique soirée ne tarderont pas à se faire sentir puisque le 13 novembre 1923, il y avait 33 nouveaux sociétaires et l'intérêt était payé sur l'épargne. Et maintenant le taux des prêts passa de 7 à 6% pour encourager davantage de nouvelles recrues. En 1922-23 marque la huitième année sociale. L'actif sera de $2,121.36. Les sociétaires seront au nombre de 130 et les déposants ne se chiffreront qu'à 83.
Durant cette année, à l'Académie Guay, les soeurs enseignantes sont au nombre de 14. Les élèves se composent de 443 filles et de 399 garçons.
L'année 1923 est également bénéfique pour le transport en commun. La ligne du boulevard Rosemont en provenance de Pie IX relie maintenant Papineau à Iberville. Notons que la rue De Fleurimont est toujours arrêtée par la carrière. Aussi en 1925, alors que la population du Grand Montréal atteignait un total de 1,000,000. La compagnie des tramways de Montréal inaugura un système d'autobus pour compléter son service de tramways.
Le 27 avril 1925, le Conseil d'Administration de la Caisse se compose de M. le curé Z. Alary, Rev. A. Labonté, E. Denfront, H. Boyer, C.R.Denfront, P.Boisvert, A.Primeau et M. Auger.
Le 2 août 1925, une pétition s'effectue à propos de la construction d'une nouvelle école. Ainsi cette pétition recommande de situer la nouvelle école dans un site plus favorable soit: Bellechasse, Des Carrières, de Lorimier et Parthenais plutôt que Bellechasse, Fullum et des Ecores, à cause de la concentration de la population. Mais en octobre 1925 surgit une autre pétition; celle-ci proteste contre la construction d'une douzaine de classes dans la cour de l'école Guay déjà trop petite. Aussi, en un an, la population étudiantine s'est largement accrue, les filles sont au nombre de 914 et les garçons de 75. Une soeur enseignante s'est ajoutée au total de l'année précédente. A Rosemont, la population progresse rapidement. On fut obligé d'aménager trois classes dans la salle de récréation. Malgré tout, l'Académie Guay ne peut plus répondre aux besoins toujours croissants. Aussi la C.E.C.M. se voit-elle dans l'obligation de construire un nouvel édifice.
Pendant ce temps, certaines convictions politiques regroupent des jeunes et moins jeunes. Ainsi le fils de Appleboun, magasin de chaussures sur la rue Papineau, fait du recrutement pour le parti communiste dont le local est situé au coin de Papineau et Mont-Royal.
Aussi dans les années 1925 sur la rue Papineau, près de Beaubien . se trouve un local d'haltérophilie et de lutte.
Comme autre divertissement, il se déroule des courses de chevaux entre l'hôtel Pigeon et l'hôtel Colehette sur la Montée St-Michel. Les courses se font aller-retour. On parie après avoir pris un coup.
Soulignons que plusieurs rues de la paroisse ne sont pas pavées. De même le tunnel Papineau et le tunnel de Lorimier ne sont pas encore construits.
L'année suivante soit en 1926, apparaît des autobus sur St-Hubert jusqu'à Jean-Talon. Un tramway relie maintenant St-Denis, Christophe-Colomb, Papineau, Iberville et la Montée St-Michel à la hauteur de Bélanger. La paroisse est entièrement entourée par le système de tramways. Cela facilitera évidemment les déplacements des journaliers au Centre Ville, de même que pour l'approvisionnement.
L'année 1926 est déterminante pour les laitiers. Il s'agit de la loi du lait pasteurisé. Ces sont les premières organisations en coopératives pour la pasteurisation. En 1926 naît la "Laiterie Canadienne" et en 1927, la "Ferme St-Laurent.
Le 11 janvier 1926, il semble que la Caisse Populaire soit sortie de son impasse. Le curé Alary déclare "l'ère de la prospérité s'ouvre devant nous". On décide alors d'organiser d'autres soirées récréatives. Le bonus sera payé sur les parts sociales. M. le gérant Rev.J.A.Labonté est nommé délégué à la Réunion annuelle de l'Union Régionale des Caisses Populaires Desjardins de Montréal.
Finalement, il est décidé le 27 mars 1926, que la construction de la nouvelle école se fera sur la rue Cartier entre le boulevard Rosemont et la rue Bellechasse. Mais en attendant le nouveau bâtiment, le manque de local oblige la Commission Scolaire d'ouvrir une classe dans la sacristie de l'église. Signalons que pendant ce temps l'école est en construction.