HISTORIQUE DE LA PAROISSE SAINT-JEAN-BERCHMANS
CE TEXTE EST UNE REPRISE D'UNE BROCHURE ÉCRITE
PAR: MICHÈLE LALANDE,
CÉLINE MARION,
PAUL MASSICOTTE ET
ANDRÉ PETIT
AOÛT 1978
(Jacques Baillargeon et Suzanne Dignard ont fait une addition en 1983).
Converti en format web par Dominic Légaré
Feuillet #7
LA FONDATION 1908 (SUITE)
Le 14 octobre 1926, de nouvelles limites s'imposent à notre paroisse. Une partie de Notre-Damedu-Rosaire et une partie de St-Jean-Berchmans sont retranchées au profit de St Arsène. Ce territoire est compris entre les rues de Castelneau, Fabre, St-Zotique et De Lanaudière. La raison évoquée de cette amputation est la distance à parcourir pour atteindre l'église.
Aussi on prévoit que la construction du nouvel édifice scolaire se totalisera à $104,850.00. Les architectes sont MM.J.O.Marchand et Henri Talbot Gouin.
En attendant la nouvelle école, les soeurs des Saints Noms-de-Jésus-et-de-Marie enseignent à l'école St-Jean-Berchmans. Elles demeurent à l'arrière de l'école. Elles se promenaient souvent sur la galerie les deux mains enfouies dans leurs manches. Comme à cette époque, il n'est pas recommandé qu'une religieuse sorte seule sur la rue, elles demandaient toujours à une élève de les accompagner après la classe pour faire leurs emplettes. Souvent elles allaient au Centre-Ville ou sur la rue Mont-Royal. Alors ces démarches exigeaient l'usage du tramway, mais les enfants ne payaient pas. Pendant la classe, vers 3 hres, une élève était chargée d'aller au couvent pour apporter la tasse de thé ou de café à la religieuse. Les soeurs de cette congrégation enseignaient le piano aux élèves qui le désiraient. Naturellement il fallait débourser un certain honoraire. Une seule pièce était enseignée l'année durant. Plus tard, certaines élèves sont devenues des professeurs de piano ou d'orgue dans la paroisse.
Soulignons que c'est surtout la partie "est" de la ville de Montréal qui fut allouée, comme champ d'action aux soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie. C'est peut-être aussi la région qui, depuis trois-quarts de siècle, reçut le plus considérable afflux de population canadienne-française, en grande majorité ouvrière. Chez ces familles absorbées par des impératifs soucis matériels, souvent indifférentes malgré elles à la culture, les religieuses se sont efforcées d'éveiller l'appétit de l'école et de l'instruction". Ce travail de relèvement culturel, indispensable au relèvement économique et social comme à une vie religieuse plus éclairée, reçut toujours l'appui effectif et puissant des autorités scolaires.
Ne serait-ce que pour nommer quelques institutrices qui se dévouèrent vraiment pour la bonne marche de l'école Guay, on retrouve Mlle Forest qu. appartenait à la paroisse St-Pierre Claver, les soeurs Jésus-Marie, Mlle Proust, Mlle Casse qui n'avait que 17 ans à ses débuts. Mlle Lépine, les trois demoiselles Legris. L'école était toujours séparée en deux à ce moment soit un côté destiné aux filles et l'autre aux garçons. Mais pour les grandes cérémonies, tou. allaient à la grande salle. Longtemps Mlle Forest enseigna la première année. Sa classe était située au sous-sol. Cependant ces classes étaient sombres car les fenêtres étaient juchées en haut. D'ailleurs une inspection faite par un commissaire avait noté cet état de chose assez malsain pour l'attention et le moral des écoliers.
Pour sonner la cloche marquant les recréations, entrées et sorties, les soeurs choisissaient toujours une fille assez corpulente en raison de la lourdeur de la cloche. La préposée brassait la cloche dans l'escalier. Dans le mois de décembre, l'élève qui avait été la plus sage était désignée pour aller porter un gros Jésus en cire, à la crêche située dans le passage du couvent des soeurs.
En 1926, le traitement honoraire d'un professeur de première année se chiffrait à $468.75 pour sept mois et demi, à partir du 15 novembre 1926.
Mlle Ida St-Charles, enseignante, donna beaucoup de son temps pour la vie scolaire. Ainsi elle dirigeait les pratiques de Séances, dirigea une chorale et donnait également des leçons de piano. Tandis que la fille de M.DaSilva enseignait la diction après la classe, le coût étant de cinquante sous par semaine.
Il importe de souligner qu'en 1926, la Caisse Populaire sortait de son impasse puisque l'actif de $2,121.36 pour l'année 1922-23 passa à $29,406.03 en 1925-26. De même les sociétaires, n'étant que 130 en 1923, sautent à 393 en 1926. Les 83 déposants se transformèrent en 333, trois ans plus tard. Et même que les emprunts deviennent chose plus courante puisqu'on dénombre 55 emprunteurs. Maintenant l'institution n'avait plus à faire ses preuves. Elle a su rassurer ses sociétaires. C'est pourquoi le 14 décembre 1926 M. le curé demande aux membres actifs de bien vouloir ramener au bercail plusieurs anciens membres qui ont quitté les rangs quand les jours auguraient mal. Mais maintenant tout revenait dans l'ordre. Cette année-là, le gérant et son assistant recevaient $3.00 par semaine pour leur fonction. La dixième année sociale (1926-27) les preuves n'étaient plus à faire. La Caisse Populaire inspirait maintenant la sécurité. En une seule année, elle augmenta son actif d'environ $20,000.00 c'est-à-dire qu'il totalisa $49,425.42 cela étant proportionnel à l'ajout de la nouvelle clientèle.
Finalement la construction de l'école Madeleinede-Verchères était terminée le 19 février 1927. Dès lors, elle porterait comme adresse le numéro: 5975 rue Cartier.
Deux jours après cette réalisation, la Caisse Populaire convoque une assemblée où les membres de la direction sont priés de voter une somme d'argent pour l'installation d'un bureau permanent. Il advient que $80.00 est accordé pour l'installation mais avec autorisation d'un surplus s'il y a nécessité.
Les soeurs des Saints-Noms-de-JÉsus-et-deMarie dirent adieu à leurs classes de l'école Guay le 28 février 1927, et vinrent occuper celles de l'École Madeleine-de-Verchères. Aussi, le 18 mars donna lieu à la première réception dans cette nouvelle école. On fêta l'anniversaire de M. le curé Alary. Les religieuses, en quittant l'Académie Guay, emmenaient avec elles les filles des classes supérieures à la deuxième année.
Les fillettes des classes inférieures et les garçons demeurent sous la juridiction du principal de l'Académie Guay que l'on désignera dorénavant sous le nom de l'école St-Jean-Berchmans. Le changement d'appellation de l'école est dû à la générosité des Pères Jésuites de l'Immaculée-Conception qui consentirent à changer en celui de Charles-Garnier le nom d'une de leurs écoles placée jusqu'alors sous la protection du patron de "notre paroisse". Pour la jeunesse, en effet St-Jean Berchmans est une Inspiration, un modèle de vie simple et pure, qui passa sa courte jeunesse dans une obéissance parfaite, une application constante et une piété profonde.
Le 6 décembre 1927, le salaire du gérant de la Caisse Populaire et de son assistant haussait de $5.00 par semaine.
Certaines sources indiquent que ce fut le 23 décembre 1927 plutôt que 1929, que le curé Alary est promu aumônier général de la Societé St-Vincent-dePaul en remplacement de M. le chanoine Jasmin.
L'élargissement du boulevard Rosemont en 1927 oblige M.Tessier et Dubreuil à changer de site. M.Dubreuil occupera l'angle Rosemont et Papineau avec une quincaillerie et le Dr.Tessier ouvrira un genre de 1" hôpital de Rosemont à l'angle du boulevard Rosemont et de Cartier.
Le 9 janvier 1928, le notaire J.M.Archambault était nommé membre du Conseil d'Administration de la Caisse Populaire. Cependant le 3 septembre 1928, M. le Rév.J.A .Labonté donne sa démission comme gérant à la Caisse à cause de son changement de poste. Alors M.Boisvert est promu à l'unanimité au poste de gérant.
Mais le règne du ministère de M. le curé Alary tirait à sa fin. Le 22 septembre 1929, il laissait son poste. Aussi le remplaçant de M. le Rev.A.Labonté devenait le Rev.E.Laurin.
Les cérémonies données à l'école Madeleine-deVerchères méritent d'être soulignées. Les fêtes de M. le curé ou de la soeur supérieure étaient célébrées avec faste. Ces réjouissances donnaient lieu à une série de préparatifs longtemps à l'avance. Des danses, chansons, récitations, séances occupaient la fête. Certaines dames montaient leur numéro particulier. Ainsi une sorte de gymnastique exécutée avec des cerceaux et accompagnée de chants exigeaient une bonne préparation. Ces "cerceaux de corps" étaient faits de bois ou de métal. Les élèves les recouvraient de papier, de couleur crêpe. D'autres élèves étaient désignées pour danser une petite valse. A cet effet, Mlle Lépine et d'autres institutrices les frisaient avec des chiffons pour qu'elles aient de magnifiques boudins. Pour cette danse Mlle Lépine jouait au piano, tandis que la soeur de Mlle Fôrest exerçait les jeunes filles. Tout en valsant les élèves chantaient une mélodie intitulée "Il était une maisonnette"
A la fête de M. le curé, il y avait toujours un duo. Ce morceau était exécuté par deux élèves qui, durant l'année étudiaient le piano chez les religieuses. Mais à chaque année le duo interprétait toujours la même pièce. Lorsque le curé marquait son entrée, Mlle Lépine entamait une marche au piano. A ce moment précis toutes les élèves se devaient de se tenir le corps droit. Naturellement les plus belles chaises avec des barreaux étaient placées à l'avant sur l'estrade.
A tous les ans, la paroisse demeurait fidèle à la collecte pour l'hôpital Ste-Justine. Des livrets de billets étaient distribués dans les classes afin que les élèves les vendent. Mais les grosses familles de la paroisse se trouvaient aux prises avec une quantité de livrets invendus. Ainsi on nous rapporte que certains enfants étaient chassés à coup de balai par les gens qui étaient exaspérés de se faire déranger pour les dits billets. Ces billets se vendaient 5 sous l'unité. En retour l'hôpital Ste-Justine faisait tirer un prix pour encourager les ventes.
A la fin des années 20 (la date demeure approximative), les mouvements destinés aux jeunes débutèrent. La première troupe des éclaireurs était fondée à l'Immaculée-Conception par Philippe Morel. L'année suivante son frère, Guido Morel, alors instituteur à notre paroisse, tentera une expérience similaire. Donc M.Guido Morel était le fondateur du premier mouvement à St-Jean-Berchmans. À ce moment là seuls les enfants âgés de dix ans et plus étaient admis. De plus, il n'y avait pas de différentes catégories. De même, aucun mouvement destiné aux filles telles les Jeannettes et les Guides n'existait. Les Éclaireurs apprenaient surtout la survie en forêt et la confection de divers noeuds. A l'occasion, ils allaient camper mais pas tous les ans. Soulignons que les frères Morel furent les véritables pionniers de ce mouvement en français à Montréal. Depuis plusieurs décennies les Anglais possédaient leurs "Boys Scouts" avec Baden Powell pour patron fondateur mais le mouvement scout ne relève pas de l'école. Plusieurs élèves de l'école font cependant partie de la troupe St-Jean-Berchmans. Les réunions du scoutisme catholique avaient lieu à l'école St-Jean-Berchmans. Parmi les premières troupes on retrouve celle de Maurice Ménard et de Paul Legros.
En plus du scoutisme catholique, la paroisse St-Jean-Berchmans détenait une croisade eucharistique. Les Croisés étaient recrutés parmi les élèves de la troisième à la sixième année. Au nombre d'une cinquantaine, ils prêchent l'exemple dans la famille et à l'école. Le mercredi de chaque semaine ils se réunissent par groupe de quinze à vingt sous la direction d'un professeur appelé Zélateur. Monsieur Philippe Daigle a été directeur de ce mouvement secondé par M. Gérard Ledoux et Roger Dupont.
Le curé Alary étant fondateur d'une revue agraire, il encourageait naturellement le retour à la terre, la colonisation. Certains le trouvaient austère car il préconisait une vie pauvre et sobre. Aussi en chaire, il parlait ouvertement contre les soirées de danses et les automobilistes. Mais, fait cocasse, il n'était pas rare de le voir se faire conduire en automobile par les paroissiens pour ses déplacements.